Les enfants que j’ai accompagnés en Allemagne ne sont pas différents des nôtres. En revanche, ce qu’ils vivent au quotidien est différent et il en va de même de leurs comportements.
Gabriel, 6 ans, vit ses derniers moments au jardin d’enfants avant de partir à l’école. Il vit une période de transition pas très simple à gérer pour lui.
À un moment, il se met à taper avec un bâton sur une casserole placée juste à côté de la roulotte. À l’intérieur se trouvent les enfants en réunion d’enfants, réunion à laquelle Gabriel a refusé de participer.
Nos réflexes pourraient nous amener à juger Gabriel : il a eu le choix de participer ou non à la réunion et il n’est quand même pas content. Pire ! Il manque de respect envers le groupe qui est gêné par le bruit !
Alors, je me suis entraînée à aller plus loin dans mes réflexions. « Il n’y a pas de juste et de faux, il n’y a que du juste ! », comme le répète assez régulièrement Gabi, la directrice du jardin d’enfants. Même pour moi, pourtant fervente adepte d’une éducation non-violente, cela me demande de sacrés efforts. Ne pas exiger de Gabriel qu’il stoppe ce tapage, quel challenge !!
Alors place au processus de la Communication Non Violente : « Gabriel, qu’est-ce qui se passe pour toi, là ? » – « Leur réunion, c’est nul, mais je n’ai pas envie d’être tout seul dehors ! »
« Comment ? C’est pour eux que tu fais du bruit comme ça à côté de la roulotte ? » – « Ça les dérange et comme ça, ils ne peuvent pas discuter. »
« Et comment c’est pour toi de les empêcher de discuter ? » – « … je ne sais pas… »
« Tu voudrais qu’on trouve une autre solution ? » – « … »
« Qu’est-ce qui est important là, pour toi ? »
« Ne pas être tout seul et pouvoir faire de la musique. »
« Et comment est-ce qu’on peut faire pour que les autres puissent faire leur réunion ? » – « On va plus loin ».
C’est ainsi qu’est né un super concert de batterie de casseroles et de chant, auquel se sont joints, peu à peu les autres enfants disponibles. Gabriel qui, à ce moment-là, avait du mal à trouver sa place dans le groupe a pu inspirer une activité qui a fédéré pas mal d’enfants autour d’un plaisir créatif partagé.
Mais, finalement, n’est-ce pas céder au caprice des enfants ? Oui, mais seulement avec notre vision traditionnelle dans laquelle domine la peur du naturel de l’enfant ! (D’ailleurs, vous, les parents qui me lisez, êtes déjà nombreux à avoir effacé le mot « caprice » de votre vocabulaire.)