Cohabiter avec le sapin de Noël… Comment s’en sortir avec de jeunes enfants ?

Florence m’a contactée avec une question qui concerne sa fille de 18 mois :

« Comment réagir ou quelle attitude adopter face à son enfant qui désobéit ? J’ai essayé plusieurs méthodes infructueuses pour dissuader ma fille de toucher au sapin de Noël : l’adoption de la parentalité positive : « Non, on ne touche pas au sapin de Noël, on touche seulement avec les yeux ”, l’autorité à hauteur d’yeux avec ma fille : “ Regarde-moi quand je te parle, je te dis non !! C’est maman qui décide !! ” À sa troisième tentative, avec provocation visible dans son regard, l’idée du coin a frôlé mon esprit, mais j’ai finalement choisi de faire diversion. Mais, en même temps, un sentiment d’impuissance m’a envahie. Que faire ? »

Bonjour Florence et merci pour ta question qui parle probablement à la plupart des parents d’enfants en bas âge. C’est chouette que tu aies essayé plusieurs pistes de réponses et que tu n’aies finalement pas opté pour le coin.

Pour t’aider à y voir plus clair, voici quelques pistes de compréhension :

Les jeunes enfants n’ont pas encore accès à la capacité d’inhibition, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent s’empêcher de faire ce que leurs pulsions les poussent à faire. Ils voient le sapin briller et sont littéralement hypnotisés. S’ils le peuvent, ils y touchent instantanément. C’est seulement après de longues secondes qu’ils entendent le « non » des parents, qui, de plus, n’a que peu de sens pour eux.

Leur cerveau, auquel il faudra laisser encore de nombreuses années de maturation, ne peut pas encore distinguer la pensée de l’action. L’enfant fait ce à quoi il pense. Lui dire de « ne pas » faire quelque chose, c’est comme si on nous disait de ne pas penser à un éléphant rose. Si on y pense, peut-on nous accuser de désobéissance ? Bien sûr que non !!

Alors, dire aux jeunes enfants ce que l’on attend d’eux est bien plus utile que de leur dire ce qu’ils ne doivent pas faire. Par exemple, « Laisse le sapin tranquille, s’il te plaît » ou dire « STOP », le temps de se rendre à côté d’eux, se mettre à leur hauteur et dire : « On touche seulement avec les yeux. »

Le plus souvent, au bout d’un moment, les enfants commencent à comprendre le décalage entre leur envie de toucher et la volonté des parents. Alors, ils touchent, en regardant leurs parents. Cette attitude est interprétée avec notre esprit d’adulte et la plupart d’entre nous la comprennent comme de la désobéissance intentionnelle, voire de la provocation. Mais, en réalité, dans l’immense majorité des situations, cela n’a rien à voir, surtout à 18 mois !

Pour l’enfant, regarder ses parents en faisant ce à quoi ils viennent de dire non est un essai de comprendre la réaction des parents : « C’est bien ça que tu ne veux pas que je fasse ? »

En fait, c’est déjà un très bon début, ils commencent à comprendre notre positionnement. Et si nous nous fâchons, car nous pensons qu’il s’agit de provocation, leur début de compréhension s’efface. Devant l’incompréhension mutuelle, l’enfant se bloque et nous, les parents, aussi. Le coin n’y changerait rien ; bien au contraire, il accentuerait le fossé entre l’enfant et nous !

Alors, comment faire ? Renoncer au sapin de Noël tant que les enfants sont jeunes ?

Non, ce serait bien dommage, mais prenons en compte le développement de l’enfant pour vraiment comprendre son point de vue et trouver des solutions adéquates.

Florence, je m’interroge sur ton positionnement. Est-ce que tu souhaites vraiment apprendre à ta fille à ne pas toucher au sapin de Noël et ainsi lui imposer de renoncer à son besoin de compréhension de son environnement ? Ou souhaites-tu seulement trouver une solution pour mieux gérer la cohabitation avec le sapin de Noël ?

À mon avis, il sera bien plus facile et judicieux d’accompagner l’exploration du sapin de Noël par ta fille. En comprenant comment il est fait, elle comprendra aussi sa fragilité. Faire attention deviendra alors logique pour elle !!

Pourquoi ne pas lui permettre de s’approprier au moins une partie du sapin ?

Il serait possible d’aménager le bas du sapin, c’est-à-dire tout ce qui est à sa hauteur, avec une décoration plus solide.

La partie haute, à laquelle ta fille peut accéder seulement dans les bras des adultes, pourra être décorée avec des boules traditionnelles et donc fragiles.

En bas du sapin, il ne s’agira plus d’interdiction de toucher, mais seulement de la recommandation de toucher « doucement » pour ne pas renverser tout le sapin (qui devrait néanmoins être fixé assez solidement).

Puis, quand ta fille s’intéressera à ce qui est en haut du sapin et que tu la sentiras capable d’être calme et concentrée, tu pourras la prendre dans tes bras pour explorer avec elle la partie fragile. Dans tes bras, elle sera en relation privilégiée avec toi et plus à ton écoute. Et toi, tu pourras jouer sur la proximité avec le sapin. Si l’impulsivité prend le dessus, il sera facile de s’éloigner assez pour ne toucher, en effet, qu’avec les yeux.

Et si jamais, par malheur, une boule se décroche, tombe et se casse, c’est aussi une occasion pour le déplorer ensemble, d’autant plus que ta fille sera dans tes bras protecteurs et ne risquera pas de se faire mal.

Retenir un « Bah ! Tu vois, je te l’avais dit, il fallait faire attention ! » sera bien utile ! Non seulement pour éviter de stresser ta fille, mais surtout pour qu’elle puisse avoir le temps de réellement observer et comprendre ce qui s’est passé. Les jeunes enfants ont souvent besoin d’une dizaine de secondes pour cela. Avant de t’empresser pour nettoyer les dégâts, attends qu’elle ait manifesté sa compréhension par un « tombé » ou « boum », voire des gestes ou mimiques du corps qui montrent qu’elle a compris. Ensuite, fais-lui confiance, elle aura envie de coopérer pour que les boules continuent à briller de mille feux et acceptera que tu l’aides à en prendre soin … à la maison, mais aussi chez les grands-parents et les amis qui n’auront pas mis en place un sapin spécial jeune-enfant.

Et si rien ne va plus, l’année prochaine, pensez au sapin suspendu  😉

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Simone Niessen

Accompagnatrice de la Petite Enfance

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